

Scenario pour le futur, comment atteindre un niveau d’émissions zéro ?
Résumons quelques-unes des découvertes des chapitres précédents.
Les émissions de méthane ont progressé moins vite que celles de CO2 : elles ne se sont accrues « que » de près d’un quart depuis 2000 contre 50% pour le CO2. Néanmoins, la teneur de méthane dans l’atmosphère a cru plus rapidement (ce qui laisse supposer que nous comptabilisons assez mal les émissions, les sous-estimant probablement).
Ensuite, les causes des émissions de méthane ne sont pas les mêmes que celles des émissions de CO2. Toutefois, il existe un secteur, celui de la production d’énergies, qui contribuent fortement aux deux. En réduisant notre dépendance aux énergies fossiles, nous réduirons fortement leur production et les émissions de méthane qui lui sont associées et qui représentent un tiers du total.
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Le méthane
Le méthane est un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le CO2, néanmoins, il a une durée de vie courte de seulement 12 ans. Si nous réussissons à seulement stabiliser les émissions de méthane, les destructions sur une durée de 12 ans, compenseront donc les nouvelles émissions. Or l’objectif de stabilisation est assez facilement atteignable. En effet, les sources de méthane, rappelons-le, sont l’agriculture (34%, dont 21% pour les ruminants et 10% pour la culture du riz), l’industrie pétrolière et gazière (33%), les décharges (21%). Et nous allons le voir ensemble, une baisse sensible n’est pas un objectif du tout inatteignable à l’horizon 2050.
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Le CO2
Nous y voilà donc, la grande question reste celle de la réduction des émissions de CO2 pour atteindre des émissions nettes nulles, ou même idéalement négatives pour quelques temps.
Atteindre cet objectif est beaucoup plus complexe, comme le souligne le rapport déjà mentionné de l’AIE, NetZero2050.
Directionnellement, les résultats du scenario 2050 de l’IEA et celui que j’ai construit sont très proches, en dépit d’hypothèses moins fortes concernant la croissance économique. Dans la mesure où les différences sont in fine limitées, nous utiliserons beaucoup des éléments d’analyse de l’AIE dans ce chapitre.
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Ou en est-on sur la recherche en matière de batteries ?
Actuellement, la technologie dominante dans les batteries est dite Lithium-Ion, mise au point dans les années 1980 au Japon. Cette technologie a apporté une très nette amélioration par rapport aux anciennes technologies et notamment les plus communes d’entre elles comme la batterie Plomb-acide ou les batteries au nickel.
Le prix des batteries a chuté de 87 % entre 2010 et 2019, de 1 100 $/kWh à 156 $. Les experts s’attendent à ce que les économies d’échelle rendues possibles par la forte croissance du parc de véhicules électrique permettent de réduire le coût des batteries à 95 $ par kWh en 2028.
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La nécessaire contribution du Nucléaire
Le nucléaire n’est pas une énergie renouvelable mais émet très peu de CO2 : il s’agit donc d’une option possible pour réduire les émissions de CO2. A la suite de la catastrophe Fukushima, plusieurs pays ont décidé de réduire ou mettre fin à l’utilisation de l’énergie nucléaire pour la production d’électricité, considérant que l’usage de cette énergie était trop risqué même si en réalité la baisse de la part de marché du nucléaire avait commencé bien avant cette catastrophe, dès le début des années 2000.
Contrairement à une idée communément admise, son bilan en termes de mortalité et santé publique est bien meilleur que celui des énergies fossiles : cela reste vrai même dans l’hypothèse d’un accident nucléaire tous les 40 ans environ. Un des problèmes du nucléaire est bien sûr la gestion des déchets, la durée de vie de certains se comptant en centaines de milliers d’années. Les défenseurs du nucléaire rappellent néanmoins que le volume des déchets à vie longue est très réduit : tous ceux produits par l’ensemble des centrales françaises depuis leur construction tiendrait dans une piscine olympique[i]. Or, l’on connait des espaces en profondeur qui n’ont pratiquement pas bougé depuis des millions d’années.
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Et celle de l’hydrogène
L’hydrogène est l’autre énergie indispensable à la transition énergétique. L’hydrogène peut être produit de différente façon, et à chacun des modes de production, on attribue une couleur.
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Enfin, il nous faudra aussi compter sur des émissions négatives, et celles-ci devront être massives. Il nous resterait en effet 6,8 milliards d’émissions à compenser par des émissions négatives. Bien que ce chiffre reste très élevé, on peut envisager l’approcher par une combinaison de solutions technologiques :
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Reforestation : replanter massivement des arbres pourrait aider à réduire de 3 à 4 milliards de tonnes. Pour atteindre un tel niveau, il faudrait envisager de replanter l’équivalent de la Belgique, ce qui à l’échelle de la planète, semble faisable.
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Promouvoir la séquestration de CO2 avec enfouissement en profondeur ou toute autre technologie qui deviendrait commercialement viable vers 2035-2040.
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Et si de nouvelles options technologiques pouvaient nous permettre de trouver une solution massive et rapide au risque de changement climatique ?
Nous l’avons vu, il existe un certain nombre de conditions pour que la transition énergétique
puisse s’accélérer et que nous puissions ainsi éviter une hausse supplémentaire des températures supérieure à 0,5°.
Deux d’entre elles sont critiques : le développement de batteries de nouvelle et génération et l’amélioration des techniques de captation du CO2 pour permettre d’obtenir un niveau suffisant d’émissions négatives.
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Reproduire les effets d’une éruption volcanique
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Les algues mangeuses de CO2
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Planter 1 000 milliards d’arbres
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Semer du verre pilé sur la banquise
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Regeler l’Arctique avec des éoliennes
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Blanchir les nuages
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Répandre du sable vert sur les plages
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Modifier génétiquement les plantes pour qu’elles soient plus claires et réfléchissent le soleil
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Créer des millions de microbulles à la surface de l’océan pour réfléchir le soleil
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Détruire les nuages de haute altitude (qui accentuent l’effet de serre) avec un rayon laser
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Déployer un miroir géant dans l’espace pour réduire le rayonnement solaire
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Construire un immense mur autour des principaux glaciers pour les empêcher de fondre
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Créer des icebergs hexagonaux avec des sous-marins pour refroidir l’océan
Examinons quelques-unes d’entre elles plus en détail
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