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La fin de l’enquête ?

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La fin de l’enquête ? Non, l’enquête continue 

 

Comme je l’ai indiqué au début de cet ouvrage, j’ai abordé sans a priori le sujet du réchauffement climatique. Certes, ma position de départ est que je n’avais aucune raison de ne pas faire confiance à une communauté scientifique qui, dans une large majorité, croyait à l’existence du phénomène. Le tampon « approuvé par des scientifiques » ne suffisait pas néanmoins à lever toutes mes incertitudes, ayant vu, par le passé le consensus scientifique se former sur des hypothèses qui furent par la suite démenties. Je connaissais certains des errements du GIEC à ses débuts et les critiques qui lui furent adressées, parfois à raison. Toutefois, en l’espèce, le fait que des milliers de chercheurs de tous pays soient arrivés à la même conclusion soulevait une question : pourquoi donc défendraient-ils une position consensuelle alors que leur intérêt personnel serait plutôt grâce à leurs recherches de se démarquer de leurs collègues dans un monde scientifique marqué par une forte concurrence internationale et une difficulté à exister au niveau individuel ? J’ai aussi pris le temps d’examiner les arguments des climato-sceptiques ou ceux, plus nuancés, qui se catégorisent comme climato-réalistes. Néanmoins, je n’ai rien trouvé de très convaincant, à la fois sur la question de l’existence d’un réchauffement climatique et son lien aux activités humaines, au contraire, beaucoup d’articles bâclés ou truffés de grossières erreurs de logique.

 

Au contraire, j’ai découvert la grande rigueur dont faisait preuve le GIEC, auquel un excès de prudence est d’ailleurs parfois reproché. J’ai compris que les mécanismes physiques du réchauffement climatique étaient connus depuis la fin du XIXème siècle et que les débats que nous avons depuis portent essentiellement sur la réalité de sa matérialisation dans le monde réel et complexe du climat. En bref, la question d’un lien aux activités humaines et la consommation d’énergies fossiles ne se posait plus depuis longtemps, les seules questions éventuellement valides étant : l’existence effective d’une hausse des températures et la partie imputable à des mécanismes naturels. Or, on dispose d’évidences très solides concernant la hausse des températures, tandis que des études scientifiques montrent qu’à long-terme, les effets naturels (El Nino par exemple, cycles solaires) n’ont contribué que de manière marginale à cette hausse.

 

Bref, de convaincu de l’existence du réchauffement climatique sur la seule base de la confiance accordée à la communauté scientifique, je le suis devenu grâce à l’examen des faits et des arguments utilisés par les uns et les autres.

 

J’ai aussi compris que par rapport aux autres problèmes environnementaux que nous avions eu à affronter, celui du réchauffement était d’une bien plus grande complexité. Le trou de la couche d’ozone était in fine un défi simple, dont chacun pouvait comprendre les effets et dont la résolution impliquait des changements finalement assez limités pour un coût connu. Au contraire, le changement climatique exige des changements profonds qui affecteront tous les secteurs économiques.

 

En effet, la transition énergétique, par les bouleversements qu’elle implique, ressemble plus à la combinaison des différentes révolutions économiques et technologiques que nous avons connues depuis le début du XIXème siècle, machine à vapeur et industrialisation, révolution de la mobilité, puis celle de la médecine et des technologies de l’information. En une cinquantaine d’années seulement puisqu’il faudra atteindre la neutralité carbone au plus tard en 2050, quand il aura fallu plus de deux siècles pour les autres.

 

Commençons donc pas par les mauvaises nouvelles sur le front de la transition énergétique. La première d’entre elles est que la hausse des températures va très probablement continuer, même si nous réduisons de manière drastique nos émissions dans les 10 prochaines années.

 

La deuxième mauvaise nouvelle est que toutes les technologies nécessaires à la transition énergétique ne sont pas encore commercialement viables : des efforts de recherche massifs devront être réalisés dans le domaine des batteries, des émissions négatives mais aussi de la fusion nucléaire et dans une moindre mesure de l’hydrogène.

 

Les bonnes nouvelles sont nombreuses néanmoins : limiter la hausse à 0,5°, au pire 1° est encore peut-être encore possible.

 

Plus important encore, réussir la transition énergétique est également possible, mais à plusieurs conditions :

 

Il faut d’abord mettre fin à l’usage du charbon et décarboner la production d’électricité grâce aux énergies renouvelables, au nucléaire et des émissions négatives pour compenser l’usage du gaz naturel

 

Il faut ensuite électrifier l’économie, en clair passer à l’électricité partout où c’est possible, transport et chauffage en particulier, mais aussi dans l’industrie.

Autre étape, réduire la consommation d’énergie de manière très sensible dans tous les secteurs, grâce à l’électrification de l’économie, l’isolation des bâtiments et les pompes à chaleur.

Nous devons également apprendre à consommer moins et mieux.

 

Il faut également mettre fin à la déforestation

 

Il faut enfin réduire les émissions de méthane d’au moins 25% rapidement et viser une baisse plus forte à terme.

 

La mise en œuvre de ces mesures permettrait une réduction des émissions de plus des deux-tiers.

 

En parallèle, il faut investir massivement dans la recherche et développement, particulièrement dans le domaine des batteries.

 

Enfin, il faut aider de manière massive, mais ciblée et contrôlée les pays les moins développés. C’est de notre intérêt en réalité, et bien sans doute bien plus efficace que des dépenser sans compter pour la dernière fraction de nos émissions en Europe, surtout pour les pays pour lesquelles elles sont déjà très basses. Les gas gaz à effet de serre sont globaux, on le le dira jamais assez.

 

Une autre bonne nouvelle est venue des changements positifs dont j’ai réalisé qu’ils accompagneront la transition énergétique : un système d’approvisionnement en énergie plus durable, stable, moins corrompu et un coût de l’énergie moins volatile, si ce n’est plus faible.

 

Une importante découverte fut celle du montant faramineux d’énergie que nous consommons chaque année et à quel point presque toutes les activités humaines en impliquent une utilisation souvent massive. S’y est ajouté à ma surprise de réaliser combien notre système énergétique, notamment parce qu’il est basé sur les énergies fossiles, est inefficace puisque les deux-tiers de l’énergie consommée sont perdus. Cet immense gâchis est, d’une certaine façon, une bonne nouvelle puisque le développement des énergies renouvelables, l’électrification de l’économie et une meilleure isolation de nos habitats permettraient d’accroitre considérablement l’efficacité énergétique.

 

In fine, cette enquête me laisse avec un optimisme relatif, malgré l’ampleur des défis et la force de lobbys qui luttent encore pour retarder la transition énergétique, particulièrement dans les grands producteurs d’énergies fossiles, au Moyen-Orient, en Russie mais aussi aux États-Unis[i] et au Canada[ii] ou ces secteurs ont un poids important en termes d’emploi et de commerce extérieur.

 

La prise de conscience est réelle, à mesure que se multiplient des évènements météorologiques majeurs, dont il apparait de plus en plus qu’ils sont liés au réchauffement climatique. La Chine en particulier, dont la responsabilité dans la hausse des émissions depuis 1990 est immense, donne des signes encourageants de vouloir avancer vers l’objectif de zéro émission malgré son refus de mettre dès aujourd’hui fin à l’usage du charbon.

 

Le défi du changement climatique nous oblige aussi à prendre conscience du caractère limité des ressources naturelles, à nous interroger sur nos modes de consommation, surtout dans les pays développés, et mettre sur la table de vraies questions comme celle de l’inégalité, de la croissance démographique et du niveau de croissance économique soutenable. En ce sens, il signe la fin d’une période de 250 ans d’histoire de l’humanité, commencée au milieu du XVIIIème siècle et la première révolution industrielle et basée sur une exploitation intensive de ressources qui nous paraissaient alors presque illimitées.

 

[i] US to open over 80 million acres in Gulf of Mexico for oil, gas exploration, AFP

[ii] En Mars 2021, une résolution visant à reconnaître « l’existence des changements climatiques » a été rejetée par 54 % des membres du Parti conservateur Canadien, Le Monde, Août 2021, Le Canada étouffe sous les records de chaleur mais dans l’indifférence politique.

Climate Change Survey

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